À Villiers-en-Lieu, des initiatives citoyennes témoignent d’un véritable élan solidaire. Parmi elles, on peut citer la récente mise en place de la boîte solidaire de partage alimentaire, un projet né de la volonté des habitants d’aider les plus vulnérables. Située au cœur du village, cette boîte accueille denrées non périssables, produits d’hygiène et vêtements. Chacun peut y déposer ou prendre selon ses besoins.
Autre exemple : l’organisation d’ateliers d’entraide, où des habitants mutualisent leurs compétences. Réparer un vélo, apprendre à coudre ou échanger des recettes anciennes : ces moments favorisent l’intergénérationnel tout en créant du lien social. Une idée simple mais précieuse dans un territoire où les services tendent parfois à se raréfier.
Les jardins partagés se multiplient dans les villages de Haute-Marne, à commencer par ceux de Saint-Dizier ou de Sommevoire. Ces espaces collectifs, souvent installés sur des friches inutilisées, rassemblent des habitants autour d’un objectif commun : cultiver légumes, fruits et fleurs tout en tissant des liens de proximité.
Le succès de ces jardins tient autant à leur fonction productive qu’à leur rôle social. À Saint-Dizier, le jardin communal accueille chaque samedi des ateliers de permaculture. On y apprend, par exemple, à utiliser les semences anciennes adaptées au climat local. De son côté, Chamarandes-Choignes a vu naître un projet similaire avec un espace réservé aux écoles locales, permettant aux enfants de découvrir le plaisir de cultiver.
Face aux enjeux climatiques, la Haute-Marne s’engage dans la transition écologique grâce à des actions locales ouvertes à tous. Des exemples ? Le développement de circuits courts et de boutiques de producteurs locaux, comme l’initiative "Les Halles de la Meuse" à Montier-en-Der, qui regroupent des produits fermiers à des prix accessibles. Les agriculteurs y trouvent un débouché direct, tandis que les habitants bénéficient de produits de qualité.
Les énergies renouvelables ont aussi le vent en poupe dans la région. À Laferté-sur-Aube, une coopérative citoyenne finance une installation photovoltaïque sur les toits de bâtiments communaux. Chaque habitant peut, en investissant selon ses moyens, devenir un acteur actif de la transition énergétique locale.
Certains projets naissent directement du dynamisme des collectifs d’habitants. À Arc-en-Barrois, par exemple, un groupe de bénévoles a rénové une ancienne bibliothèque municipale abandonnée pour en faire une "maison des initiatives citoyennes". Cet espace propose désormais des conférences, des expositions et des rendez-vous réguliers autour de la vie locale.
À Éclaron-Braucourt-Sainte-Livière, un festival annuel intitulé "Les Voix des Villages" a vu le jour grâce à l’implication des collectifs culturels. Il met en avant la scène locale et invite des artistes venus d’ailleurs, attirant ainsi chaque année des centaines de visiteurs et revalorisant l’image du village.
Face à la désertification commerciale des centres-bourgs, certaines communes innovent. À Joinville, le pari a été fait d’accueillir un concept-store associatif. Ce lieu propose des produits artisanaux locaux, des ateliers créatifs et même un espace de café-bibliothèque où les habitants peuvent se retrouver.
D'autres villages misent sur les marchés ponctuels pour dynamiser leur centre, comme à Wassy, où un "marché du terroir" a lieu tous les premiers dimanches du mois. Outre les produits locaux, il propose des animations, comme des concerts ou des démonstrations culinaires, afin d’attirer petits et grands.
Églises désaffectées, anciennes gares ou écoles : en Haute-Marne, certains bâtiments délaissés retrouvent une nouvelle vie. À Louvemont, l’ancienne salle paroissiale s’est transformée en salle associative, après un chantier participatif réunissant les habitants.
Pareillement, à Bologne, la petite gare oisive depuis des années accueille désormais une maison de la mobilité rurale. Les locaux ont été réaménagés pour proposer des services liés aux déplacements : ateliers vélo, covoiturage organisé ou encore véhicules partagés pour les trajets inter-villages.
Parce que les petites communes de Haute-Marne sont souvent confrontées aux mêmes difficultés, certaines d’entre elles établissent des partenariats fructueux. La communauté de communes du Pays Vannier et Saulx a, par exemple, mutualisé ses moyens pour créer une recyclerie associative itinérante. Celle-ci collecte les objets jetés pour leur offrir une seconde vie et les revend chaque mois lors d’une tournée des villages.
La coopération est également mise à l’honneur dans le cadre de projets touristiques communs. À Langres, Chalindrey et Rolampont, un circuit de randonnée connecté a vu le jour grâce à la collaboration des offices de tourisme. Les visiteurs sont invités à suivre un parcours balisé et à découvrir les richesses naturelles et historiques de chaque commune participante.
Pendant longtemps, les habitants des petites communes rurales avaient peu de prise sur leurs territoires. Mais ces dernières années, une nouvelle dynamique s’installe : de plus en plus de projets participatifs voient le jour. Pourquoi ? Les mairies y trouvent une manière d’impliquer la population, tandis que les citoyens y voient l’opportunité de modeler un cadre de vie qui leur ressemble.
À Roches-Bettaincourt, par exemple, un budget participatif a été mis en place. Les habitants ont pu soumettre leurs idées : fleurir les espaces publics, mettre des bancs dans le parc ou créer un sentier de promenade balisé. Ce type de dispositif crée un cercle vertueux, où chacun devient acteur à son échelle.
En Haute-Marne, dynamiser les villages passe par une créativité collective et un esprit de solidarité. Les initiatives locales décrites ici illustrent un changement profond : les habitants, loin d’être des spectateurs passifs, sont aujourd’hui des acteurs clés d’un renouveau rural. Ce modèle de coopération et d’audace pourrait bien inspirer d’autres territoires, en France comme ailleurs.