À moins de 10 kilomètres du centre de Saint-Dizier, Villiers-en-Lieu est cerné par un patchwork de paysages ruraux. Les boucles de randonnée pédestre se révèlent idéales pour quiconque veut partir « de la porte de chez soi ». Ici, pas de hautes montagnes, mais une alternance de reliefs doux, chemins agricoles, prairies et bosquets. Selon l’Observatoire national des itinéraires de randonnée, la Haute-Marne compte plus de 2 400 km de sentiers balisés (haute-marne.fr), parmi lesquels plusieurs circuits locaux gravitent autour de Villiers-en-Lieu, souvent méconnus au-delà des habitués.
Ce circuit serpente entre champs, petits bois et traverse le cours du Rongeant avant d’atteindre la Fosse Rouge, un ancien site de collecte d’argile aujourd’hui envahi par la végétation. On croise en chemin la silhouette discrète du Moulin de la fontaine d’Ancourt, témoin de la ruralité d’antan. Au printemps, le sentier se borde de prunelliers en fleurs ; en automne, il se tapisse de feuilles dorées. Petite anecdote locale : durant la Seconde Guerre mondiale, la Fosse Rouge a servi de point de rendez-vous pour des Résistants du secteur, ce qu’atteste un vieux carnet conservé à la médiathèque de Saint-Dizier.
Depuis le cœur du village, une portion du célèbre GR®654 traverse le territoire en direction du sud-ouest, longeant par moments la vallée de la Marne. À l’approche du canal entre Champagne et Bourgogne, le sentier longe les anciennes écluses, vestiges du transport fluvial entre Paris et les ports du sud dès le XIXe siècle. Le site s’anime aux beaux jours avec les passages de plaisanciers. Côté faune, guettez le martin-pêcheur au ras de l’eau et, parfois, la loutre d’Europe, discrète mais présente sur ce secteur selon l’ONCFS (OFB – Office Français de la Biodiversité).
Ce sentier traverse successivement les bois de la Haute-Vallée, de Saint-Rémy et du Grand Sauvage, revenant en bordure du village après un passage près du site des anciennes fondrières. C’est le circuit le plus « vert » du secteur : au lever du jour, hérons, chevreuils, geais et – plus rares – traces de sangliers témoignent de la vitalité sauvage du coin. En hiver, le silence épais se détache à peine du bruissement des hêtres et des chênes.
Ce circuit, très apprécié des locaux, voit sa fréquentation tripler le samedi matin, selon un comptage effectué par l’Office de tourisme du Pays de Der en 2021. Les rencontres y sont donc toujours possibles, mais jamais massives : la nature garde la main.
L’atout de Villiers-en-Lieu et de ses environs, : une nature en perpétuel changement mais jamais spectaculaire. Ici, tout passe par le détail. Marcher en juillet, c’est longer des blés hauts comme un enfant de dix ans, rencontrer le coquelicot sous le vent. L’automne colore les franges des bois d’ocre tendre. L’hiver gifle le promeneur d’un vent franc, mais la lumière sur la Marne alors que la brume rampe au ras des champs offre un tableau que seules les grandes plaines savent révéler.
À chaque pas, la lenteur impose son rythme. Un vieux dicton du cru dit que « pour voir les lièvres, il faut d’abord apprendre à marcher lentement ». Rien n’est plus vrai ici : la randonnée autour de Villiers-en-Lieu se vit en contemplatif mais en éveillé, comme un art modeste du temps long. Derrière les haies ou les bosquets, chaque détour promet une nouvelle histoire ou un détail à inventer.
Pour approfondir l'aventure, il existe des événements organisés chaque année : la randonnée du 14 juillet, ouverte à tous sur 2, 8 ou 16 km, attire en général près de 200 participants, selon les chiffres de la mairie (2023). Une belle occasion de mêler rencontre et découverte, dans une ambiance conviviale et intergénérationnelle.
Villiers-en-Lieu, loin du tumulte, offre au marcheur une expérience de randonnée résolument terrienne. Pas de foules, mais des chemins ouverts à l’imprévu, à l’écoute du paysage. Chacun y construit sa propre aventure à travers la courbe d’un chemin creux, la rencontre d’une trace animale, le passage d’un vélo ou d’un tracteur en bordure de champ. Marcher ici, c’est aussi redécouvrir le rythme authentique d’une Haute-Marne qui cultive la discrétion, mais sait récompenser les curieux.
En préparant la prochaine balade, que l’on soit d’ici ou simplement de passage, un conseil : garder l’œil ouvert. Derrière chaque virage des sentiers de Villiers-en-Lieu, la Haute-Marne dévoile un nouveau visage, paisible, un brin secret, mais toujours accueillant.