Une agriculture en mutation : vers le durable

La Haute-Marne, avec ses vastes plaines et ses paysages agricoles, est un acteur clé dans la transition écologique. En effet, l’agriculture bio et raisonnée y gagne du terrain. Selon les données les plus récentes de l’Agence Bio, près de 10 % des surfaces agricoles départementales sont aujourd’hui consacrées à l’agriculture biologique. Ce chiffre reste modeste, mais il traduit une prise de conscience progressive.

Parmi les initiatives phares, on trouve le « Projet Bocager de Chaumont », lancé en 2019. Cette démarche vise à recréer des haies et des bosquets afin de protéger les cultures des vents, préserver la biodiversité et limiter l’érosion des sols. Une double victoire pour la planète et pour les agriculteurs, qui voient leurs terres gagner en résilience.

Autre exemple marquant : la coopérative maraîchère de Saint-Dizier, qui pratique la permaculture sur plusieurs hectares. Ce modèle, inspiré de la nature, limite les intrants chimiques, tout en favorisant la vie des sols. Les produits issus de ces parcelles se retrouvent sur les étals des marchés locaux, mais aussi dans des AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), un moyen direct de relier producteurs et consommateurs.

Redonner vie aux forêts haut-marnaises

La Haute-Marne, c’est aussi un immense espace forestier, couvrant près de 40 % du département. Mais ces forêts sont mises à rude épreuve par le changement climatique, avec des sécheresses répétées et des parasites comme le scolyte. Ces derniers s’attaquent principalement aux épicéas, provoquant leur dépérissement.

La solution ne passe pas uniquement par les actions des grandes institutions. Ce sont aussi les sylviculteurs et associations locales qui s’organisent. À Joinville, par exemple, l’initiative « Replanter demain » mobilise habitants, scolaires et bénévoles pour planter des essences d’arbres locales, comme le chêne, plus résistantes aux nouvelles conditions climatiques. Depuis 2017, plus de 20 000 arbres ont été replantés grâce à ce projet.

De plus, le Parc national de forêts, partagé avec la Côte-d’Or, œuvre activement pour sensibiliser le public. Ses actions incluent des ateliers sur la gestion durable du bois, car ce dernier reste une ressource stratégique, mais à exploiter avec parcimonie.

Le développement des énergies renouvelables

Du côté de l’énergie, des initiatives en Haute-Marne visent à réduire la dépendance aux énergies fossiles. L’éolien, bien qu’emblématique, suscite parfois des débats sur son impact visuel. Mais avec ses zones peu densément peuplées et ses conditions favorables, le département reste un terrain privilégié pour ce type de production. Aujourd’hui, plus de 250 éoliennes sont opérationnelles sur le territoire, produisant suffisamment d’électricité pour alimenter des dizaines de milliers de foyers.

Cependant, l’innovation ne s’arrête pas là. À Chevillon, une installation collective de panneaux solaires a été montée en partenariat avec les habitants eux-mêmes. Le concept ? Ceux qui veulent investir dans l’énergie verte peuvent acheter une ou plusieurs parts du projet, selon leurs moyens. En échange, ils bénéficient de dividendes liés à la production, prouvant qu’écologie et économie peuvent aller de pair.

Rendez-vous locaux : sensibiliser à l’écologie

Les grands changements passent aussi par l’éducation. En Haute-Marne, la sensibilisation au développement durable s’inscrit dans les agendas locaux. De nombreuses communes organisent des « Journées de la Transition », où petits et grands découvrent des alternatives au quotidien : compostage, réduction des déchets ou encore astuces pour consommer local.

Savez-vous, par exemple, que chaque année à Langres se tient le festival « Terre & Geste » ? Ce rendez-vous met à l’honneur les artisans locaux qui privilégient des matériaux écologiques. Ils partagent aussi leurs pratiques respectueuses de l’environnement, que ce soit pour la construction, la couture ou encore l’artisanat alimentaire. Une belle occasion de découvrir des savoir-faire qui ont aussi une dimension écologique et humaine.

Focus sur la gestion des déchets

La collecte des déchets en Haute-Marne relève également d'un défi que les collectivités tentent de relever. L’exemple à suivre est sans doute celui du Pays de Chaumont, qui expérimente depuis 2020 une tarification incitative : moins vous produisez de déchets, moins votre facture est élevée. Résultat ? Une baisse significative des volumes d’ordures ménagères, et une motivation renforcée pour trier mieux.

Des citoyens au cœur du changement

Enfin, il serait injuste de parler transition écologique sans saluer l'engagement des citoyens. Certains groupes se structurent pour agir à leur échelle. Ainsi, à Joinville ou Bourbonne-les-Bains, des rencontres régulières rassemblent locaux et nouveaux arrivants autour de thématiques environnementales. Ces groupes échangent des livres, des graines, ou encore des objets inutilisés, initiant une économie circulaire portée par l'humain.

Une anecdote parmi d’autres : à Chaumont, c’est un ancien bâtiment administratif qui a été transformé en « ressourcerie ». Ce lieu invite chacun à donner et reprendre des objets pour leur offrir une seconde vie. Mieux consommer passe aussi par là.

Faire de la Haute-Marne un territoire précurseur

Ce département, souvent vu comme discret, montre que l’innovation peut naître partout lorsque les acteurs locaux s’impliquent. Ce qui se joue ici dépasse largement la Haute-Marne : ces initiatives participent à un mouvement global vers une planète plus respectée.

La transition écologique en Haute-Marne n'est pas qu'un défi. C'est aussi une opportunité. Celle de construire un avenir plus serein, où chaque geste, aussi petit soit-il, contribue à un monde durable et harmonieux. Espérons que nos villages, champs et forêts inspirent d'autres territoires à mettre autant d'énergie dans ce grand chantier.

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