Un nouveau souffle pour la mobilité : le transport à la demande près de Villiers-en-Lieu

La mobilité reste un défi dans notre département, où la voiture règne en maîtresse. Fin 2022, la Communauté d’agglomération Saint-Dizier, Der et Blaise a déployé un service de transport à la demande (TAD) baptisé TADaglo, destiné à relier les communes rurales à Saint-Dizier, Wassy et Montier-en-Der (source : Saint-Dizier Agglomération).

  • Fonctionnement : Il suffit de téléphoner la veille pour réserver une navette, qui prend en charge le voyageur à un arrêt défini et le dépose au point choisi (gare, hôpital, centre-ville…).
  • Le service fonctionne du lundi au samedi, entre 7h et 19h, avec des horaires adaptés aux correspondances SNCF ou au marché hebdomadaire.
  • Le ticket coûte 2€, gratuit pour les moins de 4 ans et les bénéficiaires de la Prime d’Activité.

À Villiers-en-Lieu, ce service a trouvé rapidement son public : retraités se rendant au marché, jeunes effectuant un stage à Saint-Dizier, familles sans deux véhicules… En 2023, plus de 3 200 voyages ont été comptabilisés sur la ligne Châlons-Saint-Dizier-Montier-en-Der (données Communauté d’agglo).

Ce dispositif réduit l’isolement, ré-enclenche des dynamiques locales et améliore la vie quotidienne, surtout pour les personnes sans permis ou en situation de mobilité réduite.

La vague numérique : des outils connectés pour les petites communes haut-marnaises

Si la "fracture numérique" touche encore la ruralité, les efforts se multiplient pour inverser la tendance. Plusieurs communes et structures intercommunales investissent dans des services numériques accessibles, qui simplifient la vie de tous.

  • Portails citoyens : Plus de 70 % des communes du département (chiffres Conseil départemental) proposent désormais un site internet connecté au portail FranceConnect pour effectuer démarches d’état civil, inscriptions scolaires, signalement d’incident sur la voirie, etc.
  • Services d’alerte SMS : Villiers-en-Lieu teste depuis 2023 un système d’informations en cas de coupure d’eau, fermeture de route ou évènement météo, via SMS (300 inscrits sur 1 200 habitants dès la première année).
  • Médiathèques numériques : Grâce au Réseau Canopée, les usagers accèdent à des milliers d’ebooks, de films ou de journaux via la carte de bibliothèque, gratuitement : une alternative bienvenue quand on n’a pas de "grande" médiathèque à côté de chez soi (source Réseau Canopée).

Ajoutons la multiplication d’ateliers d’initiation au numérique pour seniors, les "Points numériques" installés en mairie ou en MSAP (près de 35 dans le département), et l’accès facilité à France Services : la digitalisation n’est plus synonyme d’exclusion.

Fibre optique : où en est la couverture à Villiers-en-Lieu et alentours ?

D’ici fin 2024, l’objectif est d’atteindre 90 % de foyers raccordés à la fibre en Haute-Marne, contre moins de 40 % en 2020 selon le Syndicat Mixte Haute-Marne Numérique (source Haute-Marne Numérique). À Villiers-en-Lieu, la fibre est installée depuis l’été 2022, couvrant la quasi-totalité des habitations. Certains hameaux excentrés (Le Moulin, par exemple) restent toutefois en attente, des études de faisabilité étant toujours en cours.

  • À Saint-Dizier, la fibre atteint déjà 95 % des foyers éligibles, alors qu’à Louvemont, la couverture ne dépassait pas 60 % début 2024 ; les travaux se poursuivent commune par commune.
  • Le raccordement est entièrement financé par le département et les opérateurs, rendant le coût nul pour le particulier (hors box internet).
  • Les entreprises bénéficient en priorité de l’installation, pour dynamiser l’emploi local. Plusieurs artisans (coiffeurs, commerces, bureaux d’étude) témoignent d’un gain de temps et de clientèle grâce à une connexion fiable.

Les retours sont éloquents : télétravail facilité, démarches en ligne accessibles, scolarité à distance possible, accès à la télémédecine… La fibre efface peu à peu la "ruralité déconnectée".

Quand un nouveau commerce de proximité s’installe, tout un village retrouve de l’élan

L’ouverture (ou la réouverture) d’un commerce de proximité change tout dans un village de Haute-Marne. L’exemple de Brousseval est emblématique : en 2022, la supérette, fermée depuis des mois, a rouvert grâce à l’investissement d’un couple trentenaire. Leur secret ? Multiplier les services : épicerie, dépôt de pain, relais colis, vente de journaux, bar… et même animations mensuelles (ateliers cuisine locale, loto, soirées jeux).

  • Environ 150 clients différents sont passés la première semaine, et le flux reste stable, ce qui représente une fréquentation impressionnante pour un village de 800 habitants (source : JHM, 2023).
  • Des commerces de ce type, aidés par le programme "Petites Villes de Demain" ou le soutien de Haute-Marne Attractivité, rouvrent à Rolampont, Bourmont-entre-Meuse-et-Mouzon ou Froncles.
  • Au-delà du service, ces lieux recréent du lien social : marchés ponctuels, animations scolaires, soutien aux producteurs locaux…

Une habitante témoigne (mars 2023) : "Avant, c’était compliqué de trouver des fruits frais ou de discuter avec quelqu’un en allant chercher son journal. Depuis la réouverture, on retrouve la vie d’un village !"

L’évolution de l’offre de soins rurale : une réponse à la pénurie ?

La Haute-Marne n’échappe pas à la difficulté pour accéder à un médecin généraliste ; en 2023, le ratio était d’un médecin pour 1 200 habitants contre 1 pour 850 au niveau national (source Data.gouv). Pourtant, plusieurs initiatives émergent depuis 2 ans :

  1. Maisons de Santé Pluridisciplinaires : cinq maisons de santé supplémentaires ont ouvert ou sont en projet (dont à Bettancourt-la-Ferrée, Nogent, Montier-en-Der), permettant un exercice coordonné (médecins, infirmières, kinés, psychologues…).
  2. Téléconsultation : la CPAM et certaines pharmacies proposent du matériel de téléconsultation, parfois accompagné d’une infirmière ; des bornes sont en test à Joinville et Poissons pour les actes simples (renouvellement d’ordonnance, suivi chronique…).
  3. Permanences itinérantes : des professionnels libéraux, comme les sages-femmes ou les podologues, sillonnent à tour de rôle les villages alentours, selon un planning affiché en mairie ou sur l’appli du département.

Ces dispositifs, même s’ils ne suffisent pas à juguler la désertification médicale, apportent des solutions concrètes pour les habitants, jeunes et moins jeunes.

Les nouveaux services pour les personnes âgées : autonomie et lien social au rendez-vous

Le vieillissement de la population bat son plein en Haute-Marne : 24 % des habitants ont plus de 65 ans (INSEE, 2021). Face à cet enjeu, plusieurs programmes innovants ont vu le jour récemment.

  • Résidences autonomie : À Saint-Dizier et Chaumont, de nouvelles résidences offrent des logements adaptés et des activités encadrées, tout en gardant une gestion publique ou associative, pour un coût modéré.
  • Plateforme "Bien vieillir chez soi" : Lancée en 2023 par le Département, cette plateforme (03.25.32.68.41) centralise les demandes d’aide à domicile, portage de repas, transports adaptés, ateliers prévention et même visites de lien social organisées par des bénévoles.
  • Mobilisation contre l’isolement : La Croix-Rouge et le CCAS expérimentent à Andelot-Blancheville et Robert-Espagne des visites régulières de "Voisins Solidaires" : un réseau d’habitants formés pour rompre la solitude des aînés.

Ce dispositif, qui s’inspire d’expériences testées dans le Jura et l’Aveyron, permet aussi de repérer plus vite les situations à risque (chute, mal-être, difficulté administrative).

Le point relais postal : la Poste au coin de la supérette ou du café, une organisation repensée

La fermeture progressive des bureaux de poste inquiète depuis des années. En 2024, on compte encore 54 bureaux permanents, contre 90 dix ans plus tôt (source la Poste). Pour maintenir le service, la Poste multiplie les points relais municipaux ou commerçants, permettant à la population de :

  • Retirer ou déposer des colis et lettres recommandées
  • Payer certaines factures ou impôts locaux
  • Acheter des timbres et affranchir des envois
  • Accéder sur rendez-vous à des conseils administratifs

À Villiers-en-Lieu, le relais postal est tenu depuis mi-2023 par la superette Place de la Mairie. Ouvert plus de 40 heures par semaine, il s’avère souvent plus accessible que l’ancien bureau, surtout pour les actifs ou les familles.

L’accueil, assuré par des habitants du village formés par la Poste, redonne un vrai visage humain au service public.

Maisons France Services : des guichets pour toutes les démarches à portée de village

Depuis 2019, le dispositif "France Services" maille le département : dix Maisons et quinze Antennes couvrent désormais toutes les zones rurales (source : Préfecture Haute-Marne).

  • Les agents accompagnent gratuitement pour remplir ou télétransmettre des dossiers (CAF, retraite, assurance maladie, permis de conduire, impôts, carte grise…)
  • Des permanences de conciliateur de justice, de Mission Locale ou de la Chambre d’Agriculture sont proposées à dates fixes
  • Des postes informatiques en libre service sont à disposition pour imprimer ou scanner des documents

L’ambiance y est décontractée, loin du cliché guichet fermé à 15 h tapantes. À Wassy, un habitant évoque : "J’ai refait carte grise et dossier retraite en une heure, accompagné par une vraie personne : aucun coup de fil payant, aucun déplacement à Chaumont."

Des services repensés, un territoire en mouvement

Le dynamisme de la Haute-Marne rurale ne tient pas que dans son patrimoine ou ses paysages, mais bien dans l’énergie de ses habitants, de ses élus et de ses structures de proximité. Loin d’être figé, le département invente des solutions, souvent pragmatiques, parfois pionnières, pour répondre aux défis du quotidien.

Que ce soit le transport à la demande, la fibre, un commerce qui revit, ou un guichet administratif à moins de 10 minutes de chez soi, chaque avancée témoigne d’une volonté partagée : vivre et faire vivre la Haute-Marne, jour après jour.

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