À la découverte de la Forêt d’Arc-en-Barrois, cathédrale de verdure

À moins de trente minutes de Villiers-en-Lieu, la forêt domaniale d’Arc-en-Barrois compte parmi les plus beaux massifs feuillus du Bassin parisien (ONF). S’étendant sur près de 11 500 hectares, la forêt impressionne par la pureté de ses futaies de chênes et de hêtres, dont certains spécimens dépassent les deux cents ans.

On repère, au fil des sentiers balisés, quelques arbres vénérables : le Hêtre Saint-Laurent, classé "Arbre Remarquable", et des chênes séculaires qui ont servi lors de grandes constructions nationales au XIXe siècle. Chiffre remarquable : la forêt concentre plus de 600 espèces de champignons identifiées et une forte densité de cerfs, ce qui lui confère le surnom de « royaume du brame » en automne.

  • Sentier conseillé : Le circuit du Bois aux Étangs, autour des mares forestières, qui, au printemps, abrite un véritable concert d’anoures.
  • Anectode : En 1963, on y a découvert des vestiges d’un fossé celtique, témoin de la fréquentation humaine depuis l’époque pré-romaine.

Côteaux, pelouses sèches et orchidées du côté de Verbiesles et Biesles

Les coteaux exposés sud qui ceinturent les villages de Verbiesles et Biesles, à une vingtaine de kilomètres à l’est, hébergent des joyaux botaniques : orchidées sauvages, anémones pulsatiles et même l’œillet superbe (Dianthus superbus). Ce type de pelouse calcaire, rare en France, fait la fierté de la Haute-Marne (source : Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne).

  • De la mi-avril à début juin, plus de 25 espèces d’orchidées fleurissent sur moins de 5 hectares !
  • Faune discrète : le lézard vert, la mante religieuse et plusieurs papillons protégés y élisent domicile.
  • En 2015, une colonie de Grand-Duc d’Europe y a été recensée, un événement rare à l’échelle nationale.

Comment profiter de ces coteaux ?

  • Privilégier le matin, quand la rosée accentue les parfums d’herbes, et que la lumière rasante fait éclater les couleurs.
  • Respecter l’habitat fragile : ici, pas de cueillette, simplement l’observation.

Les étendues d’eau : lacs, rivières et humides secrets

Si le Grand Lac du Der n’est qu’à une trentaine de minutes, le département regorge aussi de sites aquatiques plus confidentiels. La vallée de la Marne, toujours sinueuse vers Saint-Dizier, alimente une myriade de bras morts, prairies humides et petites lagunes, paradis pour les oiseaux nicheurs. Près de Louvemont, la Réserve Naturelle de l’Étang de la Horre – classée Ramsar (zones humides d’importance internationale) depuis 2003 – abrite à la belle saison plus de 270 espèces d’oiseaux, dont la Sterne pierregarin et la spatule blanche (Échologie).

  • La migration de la grue cendrée, visible d’octobre à mars, attire chaque année plus de 30 000 naturalistes, record régional !
  • Les roseaux abritent plusieurs centaines de couples de butors étoilés, oiseau emblématique des marais d’Europe — ici, c’est le meilleur spot d’observation de Champagne-Ardenne.

Aux portes immédiates de Villiers-en-Lieu, les bords du canal entre Champagne et Bourgogne et la Marne offrent également, au petit matin, la magie d’une brume dansante et de chasses d’aigrettes.

Les vallées discrètes et l’art du paysage secret : Saulx, Blaise & Rongeant

Au sud-ouest, les vallées parallèles de la Saulx, de la Blaise et du Rongeant restent méconnues, macarons secrets pour initiés. Ici, la rivière paresse au creux d’un vallon ombragé, alternant bosquets, prairies tourbeuses et anciens moulins.

  • La vallée de la Blaise a inspiré plusieurs artistes locaux, dont le photographe Guy Lavaud, qui capturait la lumière particulière de la brume au lever du jour sur ses méandres.
  • On y trouve encore, dans certaines portions, des traces de l’ancien chemin de halage et quelques étangs nourriciers où prospèrent libellules, grenouilles rousses et tritons crêtés.

Un site singulier : les Gorges de la Vingeanne

  • Entre Mirbel et Chassigny, la Vingeanne s’encaisse dans des calcaires clairs, formant de petites gorges boisées, terrain de jeu favori des chevreuils et des sangliers.
  • À l’automne, il n’est pas rare d’y croiser la silhouette du cincle plongeur, cet oiseau à la façon vive et aux flancs blancs, spécialiste des eaux vives.

Panoramas : voir loin, respirer large

L’un des plaisirs du secteur, c’est d’accéder à des points hauts, parfois modestes, mais aux vues étonnantes.

  • La Butte des Eparges, connue pour sa symbolique historique en Meuse, est prolongée ici par la colline du Haut des Chênois : vue ouverte sur le bocage vers Saint-Dizier et la Marne. De là, la géographie de la plaine prend toute son amplitude.
  • À Ceffonds, la butte Saint-Christophe domine la vallée du Der. On y distingue par temps clair les montagnes de Langres à l’horizon.

Le patrimoine vivant des arbres têtards et des haies bocagères

La campagne haut-marnaise conserve encore un dense réseau de haies anciennes, peuplées de frênes têtards, d’aubépines centenaires, de trognes de saules. Ces arbres figurent parmi les paysages les plus identitaires du secteur. Ils sont les reliques vivantes de pratiques agricoles séculaires — jadis entretenus chaque hiver pour fournir bois et fourrage (Inventaire national des trognes).

  • Une haie peut accueillir jusqu’à 700 espèces animales sur un seul kilomètre linéaire : insectes, passereaux et amphibiens y trouvent gîte et couvert.
  • Le bocage haut-marnais couvre aujourd’hui près de 20% des terres agricoles autour de Villiers-en-Lieu.
  • Petit clin d’œil : au printemps, des concours de taille de trognes rassemblent chaque année les passionnés de paysage rural dans plusieurs villages du sud de Saint-Dizier.

Balades conseillées pour s’imprégner de ces paysages

Pour explorer ces richesses naturelles, quelques sentiers balisés ou circuits libres offrent de belles immersions :

  1. Le tour des pelouses de Biesles : 4 km ; niveau facile ; parfait pour la botanique d’avril à juin.
  2. Les rives de la Marne à Villiers-en-Lieu : boucle de 7 km ; traversée de zones humides et de haies bocagères propices à l’observation d’oiseaux.
  3. Le circuit du Vieux-Chêne à Arc-en-Barrois : 11 km ; découverte des futaies et arbres remarquables, balisé par l’ONF.
  4. Entre ruisseaux et moulins dans la vallée de la Blaise : 9 km ; itinéraire ponctué de points de vue, idéal au printemps ou après la pluie quand la rivière enfle.
  5. Panorama du Haut des Chênois : accès libre ; site remarquable au lever ou coucher du soleil pour des vues étendues.

Pour préparer ou approfondir ces balades, Nature en Haute-Marne et l’IGN Rando proposent cartes, topo-guides et signalements d’espèces emblématiques.

Un paysage en mouvement, entre mémoire et avenir

Autour de Villiers-en-Lieu, la nature fait lien : entre petit patrimoine rural et biodiversité, entre histoires individuelles et collectives. À mesure que certains paysages évoluent sous l’effet des changements agricoles ou climatiques, on redécouvre l’importance de ces sites, non pas gelés dans le passé, mais vibrants d’une vie propre à chaque saison. Observer, parcourir, et parfois participer à des sorties nature orchestrées par des associations locales (Société Mycologique de Haute-Marne, Maison de la Nature de St-Dizier) donne l’occasion de tisser ce lien vivant.

Les paysages naturels emblématiques ici sont multiples, modestes parfois, et précieux toujours. Ils sont à voir, à entendre, à sentir, et, qui sait, à faire découvrir à son tour, pour renouveler le regard sur la Haute-Marne, tout simplement.

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